Cinq suggestions de livres
Les longues journées sombres de l’hiver se profilent à l’horizon. Elles apparaissent plus menaçantes que d’habitude car ce qui est permis et interdit de faire – manger au restaurant, rencontrer des amis – demeure encore un mystère. Que nous ayons à subir un autre confinement ou non, une chose semble assez claire : au cours des prochains mois, nous passerons beaucoup de temps à l’intérieur et nous essaierons de vivre de bons moments à l’abri des intempéries.
L’occasion est particulièrement propice pour se plonger dans l’un des gros livres intimidants que nous avons tous eu l’intention de lire durant une bonne part de notre vie d’adulte. Classiques de la littérature ou épopées modernes, voici des suggestions de lectures hivernales.
Don Quichotte
Don Quichotte n’est pas seulement un long roman ou un grand roman. C’est sans doute le premier roman moderne, une merveille d’ingéniosité créative comme le monde n’en avait jamais vu lors de sa parution au 17e siècle. On prend plaisir à lire ce livre, notamment parce qu’on y constate de première main à quel point Cervantes pouvait être créatif et combien les derniers quatre cents ans de l’histoire de la littérature lui doivent beaucoup, du don-quichottisme à Lothaire, en passant par l’expression se battre contre des moulins à vent. C’est aussi, page après page, un ouvrage des plus divertissants.
Les lionnes
Le plus récent livre sur notre liste, l’ambitieux et très acclamé Les lionnes de Lucy Ellmann se compose essentiellement d’une seule phrase qui s’étend sans alinéa sur 1 108 pages. Ce tour de force littéraire présente, dans le style narratif du courant de conscience, un soliloque qui dévoile les réflexions intimes d’une femme au foyer vivant dans une banlieue de l’Ohio. Il donne un aperçu extrêmement minutieux de l’esprit qui règne dans le Midwest des États-Unis, s’étendant longuement sur tout, de l’incohérence de l’intrigue dans les films de Meryl Streep à la menace persistante des armes dans l’Ouest américain.
Ulysses
Il y a peu de romans aussi demandant sur le plan intellectuel qu’Ulysse de James Joyce. Ce chef-d’œuvre moderniste comprend divers épisodes et s’affranchit des normes littéraires. Il occupe la place d’honneur de la littérature irlandaise et figure parmi les meilleurs romans de langue anglaise. Toutefois, les spécialistes oublient souvent de mentionner que cet ouvrage est terriblement amusant. Un énorme pavé empreint d’intelligence, d’absolu et d’inventivité qui fait rigoler du début à la fin. Une lecture difficile ? Oui, mais ce n’est jamais une corvée.
Middlemarch
Ce classique du réalisme social du 19e siècle porte le sous-titre « Étude de la vie de province ». La romancière George Eliot raconte l’histoire des habitants d’une petite ville anglaise en dressant un portrait social explicite de l’époque. Cet ouvrage fascinant a bien vieilli et n’est vraiment pas un vestige du passé. Digne d’une passionnante série originale de Netflix, l’intrigue d’une grande vivacité happe le lecteur dans une spirale d’émotions.
Provocateur, satirique et audacieusement avant-gardiste, le roman L’infinie comédie peut sembler rébarbatif de prime abord vu son nombre impressionnant de pages, soit près de 1 500, et sa pléthore de notes en fin d’ouvrage imprimées en pattes de mouche. Bien que l’intrigue se révèle passionnante et que le ton soit réjouissant, le style verbeux et érudit de David Foster Wallace pourrait rebuter certains lecteurs. Il ne faut surtout pas se décourager car cette brique recèle de créativité et d’originalité. Surtout, vous pourrez vous vanter de l’avoir lu en entier.