TOM DIXON

Après avoir commencé les années 80 en tant que bassiste du groupe Funkapolitan, Tom Dixon a changé de voie pour apprendre le design industriel et développer un style caractéristique, quelque peu influencé par le rock'n'roll. Depuis 2002, il dirige sa propre marque spécialisée dans les créations qui font la part belle au métal, au verre fumé et aux tissus luxueux. Ses plus grands succès — notamment les voluptueux fauteuils Fat recouverts de velours et les lustres amorphes Melt en verre soufflé — peuvent être aperçus dans d’élégantes maisons et restaurants du monde entier. Mais Dixon sait aussi qu'il est important de soigner les détails, comme en témoigne sa vaste gamme d'articles de bar, de bougies et de parfums d'intérieur, désormais proposée dans le cadre du nouveau département « Maison » de Harry Rosen. Nous l'avons rencontré pour connaître son approche créative.

Vous êtes basé à Londres. Qu'est-ce qui fait de cette ville votre maison?

Pendant la Coupe du monde, j'ai pu soutenir de nombreux pays, qu'il s'agisse de la Tunisie, où je suis né, du Maroc, où j'ai grandi, ou de l'Angleterre, où je vis aujourd'hui. Où que j'aille, je reviens toujours à Londres. Ce n'est pas une belle ville, comme Paris, mais je m'intéresse à des choses au design un peu moins propre. Je fais souvent le parallèle entre mon travail et les voitures britanniques. Si vous regardez une Land Rover, ce n'est certainement pas une Maserati, mais je m'identifie à son brutalisme.

Votre marque a eu 20 ans cette année. En quoi votre approche du design a-t-elle changé?

Les mêmes thèmes reviennent souvent, mais je les aborde avec de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques de fabrication. J'aimerais être un peu plus comme David Bowie et tous ces chapitres de réinvention, mais je pense qu'en fin de compte, la base de mon travail reste la même. Il s'agit d'un minimalisme expressif. Le minimalisme extrême recherche la réduction au détriment de tout le reste, mais je préfère que la fonction et les matériaux d'un design continuent à s'exprimer.

Vous avez commencé dans un groupe de musique et vous jouez toujours lors du lancement de vos produits. Comment la musique et le design se mêlent-ils?

Le fait d'apprendre à jouer de mon propre instrument et d'être signé par une maison de disques m'a préparé à faire la même chose, essentiellement dans un secteur différent.

J'ai appris la valeur de l'autopropulsion, en termes d'idées et de travail pour en faire une activité commerciale. Le design a également évolué vers une industrie qui comporte une certaine dose de mise en scène, avec ce besoin de communiquer l'histoire qui se cache derrière l’objet.

Vos articles de bar Tank empruntent des idées au matériel scientifique. Pouvez-vous expliquer pourquoi?

Parfois, le design consiste à repérer des formes ou des proportions et à les appliquer à une autre fonction. J'ai toujours aimé la nature épurée des objets qui proviennent directement d'environnements professionnels. Le laboratoire scientifique est l'un de ces endroits où l'on trouve des outils optimisés pour des fonctions spécifiques, ce qui leur confère une étonnante qualité sculpturale.

Vous gérez un restaurant au sein de votre siège londonien. En quoi ça contribue à façonner vos verres et vos mélangeurs?

Quand on développe une gamme, on travaille avec les barmen en bas pour évaluer les designs — en veillant à ce qu'un verre convienne à de nombreux cocktails différents et qu'il célèbre non seulement sa propre forme, mais aussi les cocktails eux-mêmes. C'est un travail d'équilibre. Vous voulez qu'un design soit suffisamment décoratif pour être intéressant, mais vous devez aussi vous assurer qu'il remplit sa fonction.

En ce qui concerne les bougies, comment choisissez-vous vos parfums?

Il faut beaucoup d'expérimentation et de simplification pour parvenir au cœur d'une odeur. Certaines bougies sont basées sur des souvenirs d'enfance, d'autres sont plus fonctionnelles — je voulais quelque chose de purifiant ou de nocturne. La lueur d'une bougie ajoute également à l'expérience d'un espace. Même après tous les éclairages que j'ai conçus, je trouve qu'une simple flamme peut être l'élément qui crée le plus d'ambiance parmi toutes les possibilités d'éclairage. Elle nous rappelle notre passé primitif.