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Q&R : Nick Kypreos nous parle de tenues élégantes, du fait d’avoir grandi dans une famille grecque, de la conquête de la Coupe et de son nouveau livre.

Par: Ben KrizDate: 2020-12-18

Nick Kypreos a été congédié de la chaîne Sportsnet, dès sa première année en poste. 

« C’était marche ou crève la première année. J’ai commis quelques erreurs et ils m’ont montré la porte », révèle Nick Kypreos à propos de sa première année au travail en 1998. « Finalement, ils ont décidé de me garder. Un peu plus de 10 ans plus tard, je faisais partie du groupe de commentateurs de hockey le plus suivi de l’histoire de la télévision en compagnie de Bob McKenzie, Darren Pang et James Duthie. » 

Après avoir joué 12 ans comme hockeyeur professionnel et gagné la Coupe Stanley avec les Rangers de New York en 1994, Nick Kypreos a eu l’occasion de se tourner vers les communications audiovisuelles. Les premières années en ondes ont été difficiles, mais il a ensuite trouvé le rythme pour évoluer dans son rôle « d’initié », en quête de primeur sur les échanges de joueurs et d’autres nouvelles. À la suite des 21 ans qu’il a passés à Sportsnet, apparaissant à Hockey Night in Canada et analysant les matchs qui ont valu une médaille d’or à l’équipe canadienne de hockey aux Jeux olympiques, le paysage télévisuel en mutation l’a incité à aller voir ailleurs. Il ne regarde pas en arrière. 

« J’ai réexaminé la situation. L’occasion s’est présentée et j’ai plongé, explique-t-il. Certains sentiers sont plus faciles, d’autres sont plus difficiles, mais toutes mes expériences – à partir du moment où j’ai commencé à jouer au hockey à l’âge de sept ans jusqu’à aujourd’hui – ont compté dans ma décision. Nous préférons tous la sécurité à l’incertitude, mais ma femme m’a souvent dit que la sécurité ne mène ni à la grandeur ni au bonheur. Alors, nous avons franchi le pas. Il faut que je fasse quelque chose pendant que j’ai encore un peu d’énergie », blague-t-il. 

Il doit en avoir à revendre car avec un nouveau livre (Undrafted: Hockey, Family, And What It Takes To Be A Pro), un nouveau balado, une nouvelle émission diffusée sur YouTube (Real Kyper at Noon) et une marque de cocktails en plein essor, Nick Kypreos démontre que l’on peut entamer de nouveaux chapitres, même si on prend de l’âge. 

Vous êtes un homme occupé ! Est-ce que tous vos projets étaient en cours avant le confinement ou est-ce qu’il a fallu vous réinventer comme tout le monde ? 

À plusieurs égards j’ai un peu triché parce qu’au moment où j’ai quitté Sportsnet après 21 ans en poste, c’était en juillet 2019 et il n’y avait pas de pandémie. J’ai donc pu prendre de l’avance dans quelques projets, y compris dans l’entreprise de cocktails et dans la rédaction de mon livre. Puis, j’ai commencé à faire mes recherches pour le balado et pour la série sur YouTube avec tout ce que cela comprend. Je me suis mis à songer à annuler la dernière année de mon contrat avec Sportsnet et c’est là que ma femme Anne-Marie et moi avons lancé la Little Buddha Cocktail Co en compagnie de nos amis Kimberly et John. Tout cela est tombé du ciel – une boisson biologique à base de vodka aromatisée au romarin et à l’ananas grillé. Nous avons simplement consulté Google et trouvé les solutions à mesure que nous avancions. Aujourd’hui, nous poursuivons notre croissance en proposant une deuxième saveur et en étendant la distribution en Ontario, en Alberta et en Saskatchewan. On a eu des inquiétudes, mais aussi du plaisir. Anne-Marie et Kim sont les véritables piliers de Little Buddha. C’est bien de voir deux femmes obtenir du succès dans l’industrie des boissons alcoolisées habituellement dominée par des hommes

Le livre et le balado ? Comment cela s’est-il passé ? 

On m’a approché pour écrire un livre qui a tout de suite été repêché par Simon & Schuster. C’est une histoire sur le hockey et l’enfant d’un couple d’immigrants grecs qui caresse un rêve. Honnêtement, je n’étais pas convaincu d’avoir une bonne histoire, mais on se voit rarement de la même façon que les autres nous voient. Quant au balado, tout s’est mis en place facilement. J’ai installé un studio d’enregistrement au sous-sol de ma maison. j’avais l’habitude de bénéficier d’un réalisateur en régie et de preneurs de son. On n’en a plus besoin maintenant ! Les gens peuvent créer leur propre contenu à une fraction du prix. 

En ce moment, nous attendons en espérant que la saison de la LNH commencera en janvier. Entre-temps, nous faisons des entrevues divertissantes avec des étoiles de la LNH, anciennes et actuelles, comme Max Domi et Mark Messier.  

Comment définissez-vous votre style ? 

Je vois le style comme le prolongement de la personnalité. La première chose que les gens remarquent, c’est notre allure. Les gens disent : « Il est habillé de façon élégante ». J’adore ça ! J’aime avoir un certain chic. Je veux être habillé de manière à me rendre accessible, mais aussi de manière à être pris au sérieux. À New York, je me suis lié d’amitié avec Giorgio Canali. On se préparait pour aller au restaurant et il me disait à la blague : « On va t’habiller mieux que Don Cherry ». Giorgio Canali a eu l’amabilité de me vêtir durant toutes ces années où j’ai travaillé à Sportsnet et j’ai bien apprécié la confiance que cela me donnait au moment d’entrer en ondes. 

Que dire du style « joueur de hockey » ? S’améliore-t-il, selon vous ?  

Je crois que les joueurs de hockey reviennent de loin. Quand ils arrivent à l’aréna, tout le monde s’intéresse maintenant à ce qu’ils portent. Certains, comme Auston Matthews, Mitch Marner, Carey Price, Elias Petterson et P.K. Subban, se prêtent à ce jeu-là. Les vêtements leur donnent de la prestance. C’est formidable, les amateurs adorent ça. 

On vous a vu à la télévision durant de nombreuses années, mais je suis certain que beaucoup de gens ne savent pas que vos parents sont des immigrants venus de Grèce. En quoi cela vous a-t-il influencé ? 

J’ai voulu faire part de leurs valeurs et de leur morale dans mon livre. Il faut une fondation sur laquelle s’appuyer dans la vie afin de s’assurer que l’on choisit une voie qui nous convient. Mes véritables assises me viennent de deux personnes immigrantes qui ont osé venir dans un nouveau pays pour y tenter leur chance, sans savoir si c’était une bonne décision. Cela m’a rendu plus fort. Quand j’ai quitté la maison à 16 ans pour jouer au hockey junior, mon père m’a dit : « Écoute, si ça ne marche pas, tu n’as pas besoin de revenir à la maison la queue entre les jambes. La porte est toujours ouverte pour toi ». 

J’ai cru que c’était la meilleure chose que je n’avais jamais entendue. Mes parents étaient dans la restauration, alors j’aurais pu revenir et m’intégrer à l’entreprise familiale. Mais c’était surtout bon d’entendre que ça ne représentait pas un si grand échec si ça ne fonctionnait pas bien pour moi. 

Beaucoup d’enfants d’immigrants ayant grandi ici racontent souvent la même histoire embarrassante à propos des repas à l’école. En faites-vous partie ? 

[Rires] Oui. Ma mère ne voulait pas que je mange des aliments qui ne sont pas bons pour la santé. Tous les enfants à l’école avaient des petits gâteaux alors que moi, j’avais des haricots verts et des pommes de terre avec de l’huile d’olive et des épices. Le plus drôle, c’est que quand je jouais au hockey junior, mes parents me donnaient un colis réconfort après la partie parce qu’ils savaient que l’autobus ferait un arrêt pour qu’on puisse s’empiffrer de hamburgers et de frites. Ils me disaient que je devais absolument manger des bons petits plats grecs fraîchement préparés comme du pastitsio. Tous les autres joueurs m’enviaient alors qu’ils avalaient leurs burgers insipides. 

La victoire de la Coupe Stanley à New York. Quel est votre plus beau souvenir de cet exploit ? 

Je porte rarement ma bague de la Coupe Stanley quand je ne suis pas en ondes. Et lorsque je le fais, je la regarde et je revois le fil des événements. Je me trouvais dans la ville la plus géniale du monde et j’étais célibataire. Je me suis marié et je suis devenu père à la fin de ma carrière, mais à cette époque, j’étais libre et je sortais avec les autres joueurs célibataires de l’équipe comme Mark Messier qui était une vedette à New York. Je me suis imprégné de la culture de la ville avec joie et j’étais fier d’être membre des Rangers de New York. Jouer en série finale pour une équipe faisant partie des six clubs originaux qui n’avait pas remporté la Coupe depuis 54 ans, ce fut une expérience inoubliable. 

Comment se sont passés vos premiers pas à Sportsnet ? 

Le plus difficile, c’est qu’en prenant sa retraire du hockey, on se retrouve devant les caméras de télé pour se faire demander de raconter des histoires et de parler de ce qu’on a déjà vécu. Ceci dit, on ne nous offre aucune formation télévisuelle. Quand on réussit à jouer dans la LNH, on a gravi tous les échelons et on se sent prêt à faire le saut chez les professionnels. À la télévision, on nous met tout de suite dans le bain et on évalue ensuite si ça se passe bien. 

Je n’étais pas un marqueur de 50 buts. Je n’ai pas été admis au Temple de la renommée du hockey. Je suis un homme qui a joué dans la Ligue nationale et qui a été influencé par ce qu’il a vécu. Mais comment résumer cela en 45 secondes ? Il faut se tromper quelques fois avant de comprendre comment ça fonctionne.   

Qu’est-ce qui vous anime sur le plan professionnel ? 

J’ai toujours placé la barre très haut. Je me demande souvent jusqu’où je peux me rendre. On ne peut pas le savoir avant d’être mis à l’épreuve. J’aime relever des défis. Quand les gens affirment que je ne suis pas capable de faire telle ou telle chose, je me dis : « Allez au diable. Je vais vous montrer ce que j’ai dans le ventre et vous prouver le contraire ». Le fait d’avoir parfois été donné perdant a tourné à mon avantage. 

Qu’est-ce que donner le ton signifie pour vous, tant sur le plan personnel que professionnel ? 

J’aime être un meneur. Une équipe de hockey n’a qu’un seul capitaine, mais j’ai toujours saisi l’occasion d’être un meneur quand je le pouvais. Surtout à Sportsnet. Je suis celui qui y est demeuré le plus longtemps en fonction et j’ai toujours pris mon boulot très au sérieux. La meilleure chose à faire, c’est de donner l’exemple et d’avoir une éthique du travail. J’espère être encore un meneur, mais d’une manière différente. 

Le nouveau livre de Nick Kypreos intitulé Undrafted: Hockey, Family, And What It Takes To Be A Pro est publié par Simon & Schuster et en vente chez de nombreux détaillants. On peut voir Real Kyper at Noon sur YouTube et à linemoment.com. On peut suivre Nick Kypreos sur Twitter @RealKyper.