Vin Connaisseur
Devenir connaisseur du vin, ce n’est pas difficile. Il suffit d’un peu de temps, de patience et d’un esprit aventurier.
Le vin qui convient
En raison de l’aura quasi mystique et de la peur entourant le vin et ses saveurs, Christopher Sealy croit que les gens se cassent trop la tête pour choisir une bouteille. « Le vin exige une sélection et une attention, dit-il. Ça peut être un peu intimidant. C’est comme \ si un DJ n’avait qu’une chanson ou une heure pour enflammer le plancher de danse et qu’il devait choisir le bon morceau. C’est impossible. »
Il faut apprendre à connaître les vins. Selon M. Sealy, les vins qu’on boit en mangeant ne sont pas tous appréciés du premier coup, mais on peut quand même se donner quelques repères. Pour une fête d’anniversaire, par exemple, il vaut probablement mieux y aller pour un goût fruité et savoureux immédiat, quelque chose de pétillant ou de vif en bouche. En revanche, si c’est pour un souper, vous pouvez utiliser votre vin comme ingrédient ou complément, ou pour rehausser les saveurs du repas.
Pour une soirée en tête-à-tête
« Ça dépend du type de soirée dont on parle, répond M. Sealy. Est-ce une soirée enflammée par le désir? Est-on plus dans la passion que la séduction? » \ Ou est-ce plutôt une fréquentation? Dans ce cas, il recommande un vin plus subtil. « Il suffit de penser
à l’énergie que vous cherchez à transmettre et de trouver des vins en conséquence. »
Pour une touche d’aventure, essayez ce qui se fait ailleurs dans le monde, comme en Australie, en Grèce et au Portugal. L’éventail d’options est étonnant et saura certainement mettre du piquant dans la soirée, plus que votre cabernet ou votre amarone habituel. C’est vous qui choisissez l’ambiance, mais une chose est sûre, vous gagnerez à sortir des sentiers battus.
L’art des accords
M. Sealy ne pense pas livrer des secrets du métier en insistant sur la différence entre cuisson et carbonisation. « Si vous brûlez ce que vous cuisinez, ça va changer la donne, explique-t-il. Ça va changer la nature de la protéine ». Qu’il s’agisse d’une cuisson au barbecue ou à feu vif, il nous invite à rechercher des saveurs plus fumées.
Et si on opte pour le braisage, le rôtissage au four ou la cuisson avec de la fonte? « Réfléchissez surtout à l’intensité de ce que vous essayez de cuisiner, puis choisissez un vin en conséquence. Il n’y a pas de règles établies. »
Si c’est possible, M. Sealy suggère de sélectionner le vin en premier. « C’est un peu fou comme idée, mais choisissez d’abord le vin et cuisinez en vous inspirant de lui. Vous avez un palais et un goût bien à vous, développé au fil du temps : vous trouverez ce que vous aimez dans les vins. C’est un peu comme découvrir de la nouvelle musique ou se mettre à la lecture. Il faut frayer son propre chemin. Et le chemin sera toujours agréable, car il s’agit de vin. »
Ne craignez pas les faux pas
M. Sealy préfère ne pas catégoriser les faux pas les plus courants liés aux accords mets et vins comme des « erreurs ». Il trouve le vin trop diversifié et fascinant – trop intime, objectif et subjectif à la fois. « On ne peut pas savoir ce que quelqu’un va aimer. Il faut juste commencer à goûter et à être attentif, dit-il. On peut apprendre de tout. »
Mais si M. Sealy devait dénoncer une chose qui l’agace souvent, ce serait le manque d’humilité autour du vin. « Certains disent “Je devrais boire ceci parce que je gagne tel montant d’argent”, donne-t-il en exemple. Je devrais boire cela parce que je suis dans telle tranche de revenu. Non. On ne va pas dans une galerie d’art juste parce qu’on est riche et qu’on comprend l’art. »
Selon lui, il faut s’engager dans une certaine démarche. « La saveur est dans la bouche de celui qui goûte, si l’on veut. Et notre connaissance s’arrête aux limites de notre palais. On ne peut expérimenter que ce que l’on peut percevoir. »
Pour conclure, M. Sealy souligne que le vin « ne se limite pas à l’Italie et à la France ».
« Il y a de grands vins pour tous les budgets qui proviennent de partout dans le monde. » Plus vous élargirez vos horizons, par exemple en achetant des bouteilles en magasins spécialisés et en osant un peu plus, plus vous pourrez explorer votre palais au lieu d’écouter votre tête (ou votre ego).